L'Opéra de Paris
Gouverner une grande institution culturelle

Un livre de Philippe Agid
Jean-Claude Tarondeau

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Presse

Concertclassic.com
28 mars 2006

Voici un livre dont on ne saurait trop recommander la lecture à tous ceux qui se piquent, à quelque titre que ce soit, gestionnaires, syndicalistes, artistes, ministres, journalistes, etc., d'intervenir dans la vie de l'Opéra de Paris. C'est à la fois un historique des différents modes de gestion de notre première scène chorégraphique et lyrique nationale, depuis sa création par Louis XIV jusqu'à l'ère Mortier, et une analyse des types d'exploitation successifs, de la concession à la reprise en main par l'État républicain après la seconde guerre mondiale. Il montre que l'Opéra de Paris est toujours resté un élément essentiel du prestige politique et culturel de tous les régimes, de la royauté à l'Empire en passant par la République.

Ce qui intéressera tous ceux qui se penchent sur le sort et l'avenir de cette grande institution, ce sont ces constantes que les auteurs débusquent à travers son histoire mouvementée dans le mode de fonctionnement comme dans la répartition des charges financières entre l'État et le privé, car les gouvernements et les souverains ne se sont jamais désintéressés de la marche de ce thermomètre de la vie intellectuelle et artistique nationale. La majeure partie de ces 320 pages sont consacrées aux conséquences de la révolution technologique et industrielle qu'a représentée la construction de l'Opéra Bastille ainsi qu'à l'action de celui qui a réussi à dompter le monstre, Hugues Gall entre 1995 et 2004.

Celui-ci a, en effet, défini les conditions optimales d'une exploitation raisonnée de ce complexe bizarre constitué de deux salles totalement hétérogènes dans leurs dimensions comme dans leurs modes de fonctionnement technique : le vieux Palais Garnier de 1.800 places et le moderne Opéra Bastille avec ses 2.700 fauteuils. Les auteurs démontent et analysent l'équilibre subtil entre les programmations des deux lieux réalisé par Hugues Gall afin de maximiser la rentabilité d'ensemble. La subvention d'État n'étant pas extensible, c'est au directeur de trouver un maximum de ressources dans sa billetterie. Sans prendre parti, ils suggèrent à force de tableaux très fouillés que la marge de manœuvre des successeurs d'Hugues Gall demeure infime sauf à changer l'apport financier de l'État [...]

Jacques Doucelin

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